jeudi 26 mars 2015

Delhi fait la chasse aux chauffeurs d’Uber

Les autorités de Delhi ont décidé de frapper fort contre les géants des véhicules de tourisme avec chauffeurs (VTC), pour les contraindre à respecter la loi. Le gouvernement régional de l’Etat de Delhi a envoyé, mercredi 25 mars, une requête au ministère indien des télécommunications pour bloquer leurs applications mobiles permettant aux utilisateurs de commander des véhicules.
Cela fait déjà plusieurs mois que les autorités jouent, malgré elles, au jeu du chat et de la souris avec les chauffeurs de VTC pour les empêcher de transporter des clients en toute illégalité. En décembre 2014, elles ont suspendu leurs licences après qu’un chauffeur d’Uber ait été accusé de viol sur une passagère. Ce dernier avait été recruté par l’entreprise américaine, alors qu’il circulait avec un faux permis de conduire et avait été impliqué dans une autre affaire de viol trois ans plus tôt.
Pour obtenir la nouvelle licence, les sociétés doivent disposer d’une flotte de 200 véhicules, d’un bureau physique et d’un centre d’appels ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre à Delhi. Chaque véhicule doit désormais être équipé d’un GPS et d’un bouton d’alerte. En décembre 2014, la police avait dû attendre que le siège d’Uber aux Etats-Unis veuille bien leur divulguer des détails sur l’identité du chauffeur accusé de viol, ce qui avait ralenti l’enquête.


Des voitures méconnaissables

Dans la foulée, d’autres villes ont décidé d’interdire les VTC en attendant de reformuler les règles de licence. Ces nouvelles réglementations vont à rebours du modèle économique d’Uber qui ne possède que très peu de bureaux en Inde et ne possède pas sa propre flotte de véhicules.
En janvier, les VTC ont cependant vite repris du service à Delhi aussitôt après avoir déposé une nouvelle demande de licence, qui ne leur a toujours pas été délivrée. Les autorités tentent donc désespérément de mettre la main sur les chauffeurs … qui leur échappent. Les voitures sont méconnaissables, et le seul stratagème trouvé par les fonctionnaires du département chargé des transports consiste à se faire passer pour des clients, et appeler un par un les chauffeurs de VTC pour confisquer leur véhicule. Problème : il y a des milliers de VTC à Delhi. Et, depuis quelques mois, les chauffeurs vont moins volontiers chercher des clients dans le quartier où se trouve le bureau du département des transports.
Pour les autorités de Delhi, il y a urgence à agir car les VTC se développent rapidement. Le potentiel du marché Indien est compris entre 8 et 10 milliards de dollars (jusqu’à 9 milliards d’euros) selon Ola, le leader du secteur. La croissance rapide de l’urbanisation, avec des villes qui devraient accueillir près de 300 millions d’habitants supplémentaires au cours des trente prochaines années, conjuguée à l’absence de transports publics, laisse peu de doutes sur la taille future de ce secteur.


Les compétitifs rickshaws

L’entreprise Indienne Ola, domine le marché en gérant près de 100 000 véhicules dans 85 villes. L’entreprise est valorisée à 1 milliard de dollars et a levé des fonds auprès de la banque Japonaise Softbank, entre autres, pour accélérer son développement. En janvier, ses revenus augmentaient de 40 % chaque mois. Ola a racheté son concurrent TaxiForSure pour 200 millions de dollars en janvier. Uber, qui n’est présent que dans onze villes, a répliqué en cédant des actions de sa filiale en Inde à l’un des plus puissants groupes indiens de communication, qui publie le Times of India, le quotidien anglais le plus diffusé dans le monde, pour gagner une meilleure visibilité.
Les VTC se livrent une rude concurrence qui s’est traduite par une baisse des tarifs en début d’année. Il n’y a désormais que les rickshaws, les trois-roues à moteur, qui soient plus compétitifs. Mais sous une température de 45 degrés, et en plein embouteillage, les clients résistent difficilement aux VTC avec climatisation. Ils économisent surtout de la sueur en évitant les négociations sur le prix de la course avec des chauffeurs de trois-roues qui refusent souvent de se soumettre au compteur. Mais New Delhi est le royaume des rickshaws.
Le nouveau gouvernement, qui a déclaré la guerre aux VTC, a été élu grâce à la mobilisation de ces petits conducteurs de triporteurs. Ola a trouvé la parade : elle s’en est fait des alliés en leur proposant désormais les mêmes services de réservation, par smartphone, qu’à ses autres chauffeurs.


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