Entre acteurs internationaux et locaux, l’Inde se modernise et ouvre ses portes à des start-up étrangères qui, pour certaines, se voient contraintes d’adapter leur fonctionnement aux usages du pays.
Entretien avec Arnaud Auger dans le cadre de l’émission L’Atelier Numérique diffusée sur BFM Business, associé chez StartupBRICS, un blog spécialisé sur l’innovation dans les pays émergents.
L’Atelier : Uber s’est récemment installé en Inde, mais la start-up a dû procéder à quelques adaptations en fonction du pays, à commencer par le paiement...
Arnaud Auger : En effet. Le système d’Uber pour le monde entier consiste à effectuer un paiement directement par carte de crédit. Sauf qu’on ne recense que 13 millions d’Indiens en possession d’une carte de crédit, la plupart utilisent uniquement des cartes de débit. Uber a décidé de faire face au problème en effectuant un partenariat avec une start-up indienne : Paytm, qui propose un portefeuille électronique que l’on peut recharger à l’aide d’une carte de débit – mais aussi en utilisant les solutions de Net Banking proposées par les banques indiennes.
Au-delà de cette adaptation en termes de paiement, il y a eu une autre adaptation déclenchée par une agression dans un taxi au moins de décembre. Avec pour conséquence, l’interdiction d’Uber à New Delhi. Comment la start-up fait-elle face et parvient-elle à maintenir sa position en Inde ?
Comme vous l’avez précisé, c’est uniquement le gouvernement de New Delhi qui a pris la décision de bannir Uber, en plus de ses autres concurrents comme Olacabs. Le gouvernement a, par la suite, imposé de nouvelles fonctionnalités (le faire de pouvoir lancer un SOS, appeler directement la police depuis l’application, mais aussi de pouvoir envoyer la localisation de son trajet…), des fonctionnalités qu’Uber s’est vu forcé de mettre en place. Depuis, Uber est de nouveau disponible à New Delhi. Tout a été lancé très rapidement, malgré les systèmes de bureaucratie du gouvernement Indien, celui-ci s’est montré plutôt réactif.
Est-ce que Uber est soumis aux mêmes polémiques qu’en Europe, notamment la bataille entre chauffeurs de taxis et VTC que l’on connaît en France ?
C’est même tout le contraire ! Plusieurs compagnies de taxi ont même manifesté pour le retour d’Uber. C’est la situation opposée à celle de Paris. En Inde, Uber travaille beaucoup en collaboration avec les compagnies de taxi, et leur permet de subsister. Très souvent, les chauffeurs appartiennent même à des compagnies de taxi, et la start-up leur permet tout simplement d’augmenter leur nombre de clients et de faciliter les transactions.
Qu’en est-il de son principal concurrent : Olacab ?
C’est un très grand concurrent. Ils ont récemment levé plus de 280 millions de dollars : des sommes gigantesques pour une start-up. À la différence d’Uber, Olacab se concentre uniquement sur l’Inde, et propose des fonctionnalités spécifiques. Le paiement ne s’effectue ni en ligne, ni par le biais d’un système électronique mais uniquement en liquide. L’entreprise s’est même adaptée au pays au point d’offrir la possibilité de commander des rickshaw depuis l’application. La récente levée de fond a permis de financer les smartphones, les abonnements et les batteries externes nécessaires aux chauffeurs de rickshaw. L’application a même été traduite en tamoul, ce qui prouve que la digitalisation touche même les populations qui ne sont pas lettrées en anglais. En ce qui concerne l’enjeu, il est le même pour Uber que pour Olacab : avoir une croissance rapide et proposer un transport à moins de 5 min au sein d’une grande métropole.
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