Engagés dans une guerre d'usure, Uber et l'industrie du taxi se sont tous deux récemment payé des lobbyistes d'allégeance libérale pour convaincre les décideurs publics québécois du bien-fondé de leur position respective.
La multinationale du taxi sans licence veut obtenir un feu vert clair du gouvernement pour oeuvrer dans la province et dissiper l'actuel « vide juridique concernant le covoiturage urbain ».
Elle a donc mis sous contrat l'ex-chef de cabinet de la ministre Line Beauchamp, devenu expert en relations gouvernementales, ainsi qu'une collègue récemment passée par l'exécutif des jeunes libéraux.
« On veut expliquer c'est quoi le modèle », a dit François Crête, passé du cabinet Beauchamp à la firme Cohn & Wolf. « On va expliquer pourquoi Uber veut être réglementée. C'est très rare, au Québec, une entreprise qui veut être réglementée. »
« C'est un modèle d'affaires qui n'est pas encore très connu », a-t-il ajouté.
Geneviève Benoit l'aidera à convaincre cinq ministres, les maires de Montréal et de Québec, ainsi que des députés de l'Assemblée nationale de « mettre en place un cadre législatif permettant la pratique des entreprises qui offrent un service de covoiturage citoyen au Québec ». La jeune lobbyiste a été coordonnatrice aux communications de la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec jusqu'à l'automne dernier. Selon un profil virtuel, elle est toujours présidente de la commission politique du parti en Montérégie.
« Contrer le transport illégal »
Sur l'autre front se trouve Michel Rochette, ex-patron des communications du Parti libéral du Québec (PLQ), passé à la firme National. C'est le Comité provincial de concertation et de développement de l'industrie du taxi qui l'a embauché.
Il doit « rappeler » au ministre des Transports « l'importance d'appliquer rapidement les lois et règlements actuels qui encadrent l'industrie du taxi afin de mieux protéger les usagers et, surtout, contrer le transport illégal ».
Dans un échange de courriels, M. Rochette a souligné qu'il s'agissait d'un court mandat. « Mes gestes de lobbying ont été effectués en février, a-t-il écrit. Il n'y en aura pas d'autres. »
D'un côté comme de l'autre, les lobbyistes s'attendent à recevoir « de 10 000 $ à 50 000 $ » pour leurs services, selon le registre qu'ils doivent remplir.
Selon François Crête, ses liens étroits avec les cercles libéraux ne changent rien à son travail. « Il y a de l'intérêt [pour ce dossier] même si je n'étais pas un ancien chef de cabinet libéral », a-t-il dit, soulignant que les députés se font souvent parler d'Uber par leurs électeurs. « Ça n'a rien à voir avec ma couleur politique ou la couleur politique de Geneviève. »
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