dimanche 5 décembre 2010

Le faux taxi était au RSA

Pendant cinq ans à Saint-Tropez, la petite entreprise saisonnière de Nicolas, 33 ans, ne connaissait pas la crise. De 2005 à 2009, en exerçant illégalement les activités de chauffeur de taxi pendant l'été, il s'est fait plus de deux cent mille euros de bénéfice net.
Pas si mal, pour un jeune voiturier au chômage, qui le reste de l'année vivait d'indemnités au domicile parental de Clermont-Ferrand. Mais de ces juteux bénéfices, il n'est rien resté. Car si Nicolas aime conduire, il aime encore plus les tables de poker.
Devant le tribunal correctionnel de Draguignan, seules les saisons de 2006 à 2009 ont été retenues comme base des poursuites, les activités antérieures de Nicolas étant prescrites.
Une luxueuse flotte
Ce sont les gendarmes de la brigade motorisée de Gassin-Saint-Tropez qui avaient soulevé le lièvre le 29 juillet 2009, lors d'un contrôle routier. Nicolas a reconnu qu'il faisait du transport public routier, sans autorisation administrative, ni assurance pour les personnes transportées, ni aucune déclaration aux organismes sociaux, pas plus qu'au fisc.
Auparavant chauffeur salarié, en saison dans le golfe de Saint-Tropez, il avait conservé un carnet d'adresses de voituriers d'hôtels, qui lui envoyaient des clients moyennant une commission de dix euros sur la course. Le bouche à oreille a fait le reste.
Face à la pénurie de taxis officiels dans le golfe, les affaires de Nicolas marchaient si bien qu'il avait fini par louer cinq véhicules de luxe, utilisant de plus les services de deux ou trois chauffeurs occasionnels.
« À Saint-Tropez, il y a beaucoup de personnes qui font ça illicitement pendant l'été, pour gagner un peu d'argent, a indiqué Nicolas au tribunal. Je l'ai fait pour subvenir à mes besoins, et aussi pour profiter un peu de la vie. Les sorties en boîte, les parties de poker. »
Au nom du « syndicat des transports publics routiers de personnes », Me Mohamed Bourguiba a réclamé quinze mille euros de dommages et intérêts. Le procureur Catherine Doustaly a de son côté souligné le caractère structuré de cette « entreprise », pour requérir six mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve.
Pour la défense de Nicolas, Me Éric de Tricaud a précisé que le jeune homme avait continué à travailler dans le transport l'été dernier, mais comme chauffeur salarié de limousines. Hors saison, il cherche un emploi et bénéficie du RSA.
Le tribunal a partagé son analyse, en déclarant irrecevable la partie civile, « qui n'est pas un syndicat professionnel, mais une association regroupant trois chauffeurs de taxi ». Il a condamné Nicolas à quinze mille euros d'amende.


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