Uber veut rendre possible de commander un véhicule avec chauffeur depuis d'autres applications que la sienne. Cela pourrait être un levier de croissance important pour la marque.
En allemand, le préfixe «über-» désigne ce qui va au-delà, ce qui dépasse les limites. Dans les nouvelles technologies, l'application «Uber» veut à peu près dire la même chose. Et l'entreprise de transport personnel pourrait bien étendre sa domination en envahissant un nouveau terrain: les autres applications de votre téléphone.
Dans un billet de son blog officiel, la société a annoncé à l'ensemble des développeurs une nouvelle fonctionnalité de son API, l'interface qui permet à Uber de dialoguer avec les autres applications. Comme vous pouvez demander à vos amis Facebook des vies depuis Candy Crush, vous pourrez commander un trajet Uber depuis une autre application. Jusqu'à présent, il fallait passer pour l'application de Uber pour héler virtuellement un chauffeur affilié à la société. Cette limite est aujourd'hui dépassée.
Concours de contributions
L'amélioration technique, anodine en apparence, est pleine de promesses pour Uber. L'entreprise, qui veut que son nom devienne le synonyme de «taxi», donne les clés de son service à une horde de développeurs qui vont chercher à en tirer le meilleur parti.
Sur le forum de Y Combinator, les idées fusent déjà: une application de réveil qui commanderait automatiquement un trajet au petit matin ; une «roulette russe» qui désignerait au hasard le bar où votre Uber vous déposera. Combiné à l'application de rencontres Tinder, le service pourrait commander simultanément deux trajets pour transporter des amants potentiels au même point de rendez-vous. Tout cela, sans passer une seule fois par l'application d'Uber. Un participant à la discussion, plein de malice, évoque une application pour créer des embouteillages à la demande. Il suffirait de commander une trentaine d'Uber au même endroit. Cette utilisation sera probablement interdite par la société, mais elle montre à quel point les mondes numérique et physique peuvent s'intriquer grâce à l'API d'Uber.
Uber a lancé un «hackathon», un concours de contributions pour deux mois qui récompensera les applications les plus innovantes. Pour Uber, tout est bon à prendre: chaque application est un nouveau levier de croissance. L'entreprise, qui surclasse déjà ses compétiteurs, continuerait ainsi de s'accaparer le marché des véhicules de tourisme avec chauffeurs.
Un Google du transport
Malgré les controverses, nombreuses, qui détériorent la réputation de l'entreprise, malgré les décisions de justice et les opérations de police qui émaillent l'actualité d'Uber, la société reste bien devant Lyft, son principal concurrent américain, et domine les débats dans la quasi-totalité des marchés où elle est implantée.
Uber, valorisé 41 milliards de dollars alors qu'il n'est pas encore entré en bourse, a tout d'un Google du transport. L'article de blog promet de nouvelles fonctionnalités pour l'API, qui permettront autant d'intégrations dans des applications tierces. Les services d'Uber, eux, se diversifient à un rythme effréné. À Hong Kong, UberCargo permet de transporter des objets. À Washington, UberEssentials expérimente la livraison d'une cinquantaine d'objets de première nécessité. À New York, UberRush offre un service de coursier aux professionnels. UberFresh à Los Angeles et Uber Eats à Barcelone permettent de livrer de la nourriture. Et comme le verbe anglais «to Google», popularisé au début des années 2000, «to Uber» fleurit déjà sur les lèvres des adeptes de la marque.
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