Une trentaine de lignes de bus, la Circulade et la ligne 3 du tramway qui pointent
le bout de leur nez… Fait-il toujours bon d'être taxiteur
à Montpellier ?
Une bonne partie des clients nous est passée sous le nez avec le tramway, c'est certain. Mais je vais être honnête. On ne peut pas dire que nous sommes en crise, même si notre activité a baissé de 15 % depuis deux ans. Les gens ne délaissent pas le taxi, mais ils s'organisent différemment. Par exemple, les mamies s'arrangent pour le prendre à deux, quand elles vont faire leurs courses.
Certaines zones de la ville sont-elles plus touchées
que d'autres par cette baisse d'activité ?
Je pense à l'aéroport… Trente-sept taxis ne vivent qu'avec ce lieu. Alors quand les arrivées sont moins nombreuses, ça a forcément des répercussions sur leur chiffre d'affaires. C'est mathématique ! Mais c'est plutôt la nouvelle concurrence qui nous inquiète…
Vous pensez aux taxis clandestins ?
En 2011, le conseil général héraultais va lancer un appel d'offres de 'Transports à la demande' (TAD) pour proposer des marchés aux sociétés de taxis. Une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
La réponse n'est pas aussi tranchée. Mais les pouvoirs publics doivent essayer de nous comprendre. Nous sommes de toutes petites structures. Sur les 600 entreprises de taxis dans l'Hérault, beaucoup sont composées du mari, de son épouse et d'un employé.
Pour que ce type de société, majoritaire, puisse avoir des marchés, il faudrait faire des lots plus petits. Sinon, nous n'aurons pas les moyens d'y répondre. Nous n'avons pas la culture des dossiers et, surtout, pas la structure nécessaire pour y arriver. Mais les taxis bougent, nous avons plein d'idées ! Il faut juste que les collectivités nous tendent la perche.
À quoi pensez-vous exactement ?
Au éco-prêts par exemple. Nous changeons de véhicules tous les trois ans. Avec des aides, on pourrait acheter des véhicules hybrides. Et les taxis verts participeraient à la bonne image de la ville ! On aimerait aussi développer la publicité sur nos véhicules.
Un moyen supplémentaire pour dynamiser votre secteur ?
Exactement. Grâce à des contrats de partenariat publicitaire, nous pourrions rentabiliser les véhicules, payer les assurances. Ce serait une autre source de revenus. Et ça peut intéresser les collectivités.
Prenez les taxis de Caen : quelques années en arrière, ils ont signé un accord avec le Pôle emploi, à titre expérimental. Des appels d'offre ont été affichés sur leur lunette arrière. Ça a cartonné ! Le contrat a été renouvelé pendant trois ans. Il n'y a pas de raison que le projet ne marche pas à Montpellier.
Autre changement dans
votre profession. L'arrivée
de nouvelles réglementations, obligatoires. Comment
les abordez-vous ?
Ça représente beaucoup de frais pour une petite entreprise. 2 000 par voiture en moyenne. Avec le protocole d'accord Alliot-Marie, nous devons changer notre taximètre, nos lumineux, nous mettre aux normes. Et nous avons jusqu'à fin 2011 pour le faire. Une vingtaine de partenaires (Alfanato, Taxilog...) seront d'ailleurs présents, samedi, à la chambre des métiers. Ils pourront ainsi présenter ce nouveau matériel aux artisans du taxi.
Qu'avez-vous envie de dire
à ceux qui redoutent
les évolutions de
votre profession ?
Nous avons un potentiel énorme. Les collectivités ne doivent pas le perdre de vue. Après, la clé est simple : nous devons nous mettre au boulot et nous structurer dans les mois qui suivent. Sinon, on est mort.
Recueilli par Laurie ZÉNON
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