Reportage avec la brigade anti-taxis clandestins
On les appelle les "Boers" : les policiers parisiens de la brigade spécifiquement chargée des taxis. Depuis le meurtre d’une étudiante suédoise par un taxi clandestin à Paris il y a deux ans, cette brigade s’est considérablement étoffée, passant de 12 à 70 fonctionnaires. Une nouvelle unité de 15 agents devrait voir le jour dans quelques mois à l’aéroport de Roissy. Elodie Guéguen a participé à l’une des patrouilles.
Opérationnels jour et nuit, 7 jours sur 7, les "Boers" sont notamment chargés de traquer les taxis clandestins et leurs rabatteurs qui arnaquent les touristes dans la capitale. Une vraie économie parallèle. Ils contrôlent également les taxis-motos et les véhicules de transport occasionnel, des secteurs très règlementés.
Nous avons pu embarquer avec l’un des équipages des Boers hier lors d’une opération "coup de poing" comme ces policiers en mènent chaque semaine à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.
A l’entrée du terminal 1, les policiers en civil se placent en observation. Objectif : repérer le manège des "clandés"comme ils les appellent. Des clandestins de mieux en mieux organisés. De plus en plus souvent, ils font appel à des rabatteurs pour aborder les touristes dès leur descente d’avion.
Soudain, les forces de l’ordre aperçoivent un véhicule break vert qui leur paraît suspect. Pas de plaque sur le toit, pas de compteur à l’intérieur. Interrogé, le conducteur prétend que ses passagers sont des amis de la famille.
Prouver l’activité clandestine n’est pas chose facile, car il faut un flagrant délit. Les "Boers" passent parfois des heures à effectuer des filatures avant d’interpeller un suspect. En planque dans leur voiture banalisée près du terminal 1, ils guettent leur cible : on leur a signalé qu’un ancien taxi clandestin - un homme qu’ils ont arrêtés à plusieurs reprises par les passé - aurait repris du service. Bonne pioche. Le faux taxi a chargé des passagers dans son véhicule. La voiture des Boers démarre en trombe, le gyrophare est en marche. Poursuivi, le faux taxi s’arrête quelques centaines de mètres plus loin. Les passagères, des touristes britanniques expliquent que cet homme s’est présenté à elles comme un "transporteur". Il leur a proposé une course d’une trentaine de kilomètres contre la somme de 80 euros.
Ils peuvent gagner 4.000 euros par mois
Cette activité clandestine est un vrai business, reconnaît Nicolas, l’un des 70 "boers" parisiens. Certains faux taxis peuvent gagner 4.000 euros par mois, non déclarés évidemment. On comprend dès lors l’exaspération des taxis parisiens qui dénoncent une concurrence déloyale. A l’aéroport de Roissy d’ailleurs, il n’est pas rare que desbagarres éclatent entre vrais et faux taxis.
Il y aurait à Paris entre 150 et 200 taxis clandestins selon les "Boers". Un syndicat de taxi, lui, évoque le chiffre de mille (pour 17.000 "vrais" professionnels). Une estimation impossible à vérifier. Les taxis clandestins risquent gros :15.000 euros d’amende, un an de prison ferme et la confiscation de leur véhicule.
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