« Je veux bien rendre service, mais pas risquer ma peau », déclare Robert Névo, gérant des taxis saint-pierrois.
Entretien avec
Robert Névo. Depuis 20 ans déjà, il est le seul des 14 taxis de la presqu'île à assurer un service de transport nocturne. Pourtant aujourd'hui, il raccroche. Insécurité, déplacements inutiles pour des commandes non honorées, la coupe est pleine.
Qu'est-ce qui vous a décidé à raccrocher ?
Chez les noctambules, on trouve de tout. Irrespect et agressions verbales ne sont pas rares. Mais quand la situation devient telle qu'elle met ma vie et celle des autres en danger, c'en est trop. Le week-end dernier, suite au décès d'un proche, j'avais décidé de ne pas travailler. Dimanche pourtant, pour honorer un engagement, j'ai assuré quelques transports. Mais la nuit a été particulièrement dure. À cinq reprises, je me suis déplacé pour rien. Les gens qui avaient commandé la course n'étaient plus là. Mais la goutte d'eau a été une course qui aurait pu virer au drame.
Que s'est-il passé ?
Alors que je revenais de Quiberon avec un groupe, cela a commencé avec des gestes déplacés. Derrière moi, un jeune homme s'amusait à me décoiffer. Mes menaces de m'arrêter n'y faisaient rien, il a continué jusqu'au moment où il a posé ses deux mains sur mes yeux. Vous imaginez en pleine nuit à piler sans rien y voir ! Heureusement c'était une ligne droite. Et si deux copains à lui n'étaient pas intervenus, on allait au fossé à coup sûr. Je veux bien rendre service, mais pas risquer ma peau.
Pourquoi ne pas vous être arrêté ?
En tant que taxi, je suis civilement responsable des personnes que je transporte. Je n'ai pas le droit de laisser un passager en plein milieu de nulle part. J'attendais d'être à l'entrée de la ville pour m'arrêter.
C'est votre premier coup dur ?
En 20 ans, je n'ai connu qu'une seule agression physique. C'était en août 2007. Un jeune a lancé une pierre dans mon pare-brise, et énervé, je l'ai giflé. Voyant ça, ses copains me sont tombés à huit dessus et m'ont roué de coups de pied. J'avais le visage tuméfié et deux côtes cassées. Alors à l'époque, j'avais déjà décidé d'arrêter. Mais comme personne n'a continué derrière moi, j'ai finalement repris du service.
Pourquoi êtes-vous le seul taxià travailler la nuit ?
Les autres me disent : « la nuit c'est beaucoup d'emmerdes ». Oui, mais il faut bien que quelqu'un le fasse, c'est primordial pour la vie nocturne et pour la sécurité. Vous savez, il y a un réel besoin. Pour le 15 août, j'ai reçu 23 appels que je n'ai pu honorer. L'année dernière j'ai investi dans une camionnette huit places. En ces temps de crise, cela permet aux jeunes de se partager les frais. Le transport, n'importe où sur la presqu'île, coûte 20 €. Divisé par huit, cela fait à peine 2,50 € pour rentrer chez soi en sécurité.
Vous avez l'air d'annoncer cette décision à regret...
J'ai mal au coeur pour ces jeunes. Beaucoup font appel à moi pour sécuriser leur sortie et leur permis. Je suis conscient aussi de la gêne occasionnée pour les autres publics, qui veulent simplement sortir dîner ou aller au cinéma. J'ai d'ailleurs fait part de ma décision à l'ensemble des personnes concernées, commerçants, maire et même préfet. Mais je ne peux vraiment plus continuer dans ces conditions-là.
Y a-t-il une solution selon vous pour sécuriser ce transport nocturne ?
Je serais d'accord pour continuer, à condition d'établir une convention avec la ville et une participation financière de l'ensemble des acteurs économiques. Mais il faut un réel engagement, sur au moins cinq ans. Si j'ai des garanties, je suis prêt à investir dans un véhicule de 25 places et à embaucher quelqu'un pour gérer la sécurité à l'arrière. J'ai fait des calculs et en mobilisant 18 600 €, cela permettrait d'assurer une navette gratuite tous les soirs pendant deux mois, de 19 h le soir à 7 h le matin. C'est une garantie de sécurité pour tous et pour moi c'est aussi une garantie financière.
Sabine CROS.
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CLIENT HABITUEL DES TAXIS NEVO JE TIENS A FAIRE PART DE MON ENTIERE SATIFACTION DES SERVICES
RépondreSupprimerPONCTUALITE,GENTILLESSE
ALAIN CAPDEVILA