mardi 19 avril 2011

Pau : le taxi aurait agressé sexuellement sa cliente


Le 8 septembre 2009, Évelyne (1) était heureuse et se faisait une joie d'aller à Morlaàs. Cette jeune mère de famille venait d'apprendre que sa candidature à un CAP cuisine au lycée hôtelier avait été retenue. Elle avait donc décidé de s'y rendre pour se renseigner sur la rentrée. N'ayant pas de véhicule, elle appelle un taxi, comme à son habitude. C'est Roland L., un chauffeur palois de 62 ans, qui se présente à son domicile, à Pau, en début d'après-midi.
« Elle m'a demandé de la conduire au casino de Pau. Arrivés là-bas, elle m'a embrassé puis m'a dit de continuer jusqu'à Morlaàs, sans me donner d'indications sur la destination », raconte le sexagénaire qui comparaît devant la chambre correctionnelle de la cour d'appel pour agression sexuelle. Ce qu'il nie farouchement. À l'écouter, c'est lui la victime et il a tout fait pour refréner les ardeurs de sa cliente « aguicheuse ». Au point de s'arrêter sur la petite route d'Ouillon, bordée de champs de maïs. « Elle m'a sauté dessus ; je lui ai dit que je n'étais pas comme ça et que je n'avais pas de préservatif. Elle est alors sortie de la voiture en furie et a disparu dans les champs », raconte le prévenu aux trente-cinq années de carrière.
Elle se cache dans les maïs
De l'autre côté de la barre, la version est tout autre. C'est celle du « taxi de l'enfer », selon l'avocat de la partie civile, Me Claude Garcia. « Je n'ai jamais commandé d'aller au casino. J'étais prise dans mes pensées, lorsque j'ai commencé à trouver le temps long. Je me suis alors aperçue que nous n'étions pas du tout sur la route de Morlaàs », raconte sa cliente. Mais sur un axe au milieu de nulle part.
Évelyne demande des explications ; le taxi s'arrête. « Il s'est mis à hurler ''saloperie d'Africaine'' et d'autres insultes et obscénités. Il m'a agrippée par le bras pour m'attirer vers lui. Je me suis débattue et j'ai réussi à m'enfuir », poursuit d'une voix tremblante la jeune femme aux origines malgaches. D'après son récit, elle a couru se cacher au milieu des maïs, restant là, terrorisée, « plusieurs heures », avant d'oser sortir chercher de l'aide auprès de la première maison croisée sur son chemin. Examinée par un médecin le jour même, sur les conseils des policiers du commissariat de Pau où elle a déposé plainte, Évelyne a des bleus sur le corps. « Mais un autre certificat médical affirme qu'il n'y a pas de traces de lutte », souligne l'avocat de la défense, Me Dabadie, qui pointe « des incohérences dans ce dossier » et plaide la relaxe.
« Du parole contre parole, concède l'avocat général Defos du Rau en préambule. Mais pourquoi, dans ses premières dépositions, le prévenu n'a-t-il jamais parlé des assauts de sa cliente ? » ajoute-t-il aussitôt. Et le ministère public de ne pas croire à cette version et de requérir « au moins » la confirmation du jugement de première instance, rendu en juin 2010 par le tribunal correctionnel de Pau : dix-huit mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans avec obligation de justifier d'un traitement médical. La cour a mis son arrêt en délibéré au 26 mai.
(1) Le prénom a été modifié.

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