jeudi 17 mars 2011

Les taxis exclus du système D


« On ne peut pas dire que nous ne gagnons plus notre vie, mais nos marges ont beaucoup été diminuées », précisent Eric Ferré et Gmiza, chauffeurs de taxi indépendants à Chalon. Photo C. Z.
Des tarifs qui n’ont augmenté que de 3 à 4 %, une TIPP moins favorable et une clientèle en baisse, les chauffeurs de taxi ont du mal à pallier la hausse des carburants.

150. C’est le montant moyen en euros de la somme dépensée en plus chaque mois en gasoil par les taxis. TIPP. C’est la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers dont sont exonérés les chauffeurs de taxi.

L’augmentation dérisoire des tarifs de taxi ne compense pas la hausse des prix des carburants », lâchent spontanément des chauffeurs de taxi chalonnais qui roulent tous au gasoil. « Nos tarifs ont augmenté de 3 à 4 % tandis que le gasoil a pris près de 20 % à la pompe », précise Éric Ferré, chauffeur de taxi depuis sept ans sur Chalon. Lui-même fait un plein à 108 € tous les deux jours pour sa Renault Espace. Gmiza, lui, compte 83 € de plein au même rythme, au lieu de 73 € il y a quelque temps encore pour sa BMW. 10 € de plus par plein pour Florent Loriot qui roule en Mercedes. Une hausse du gasoil qui leur coûte en moyenne 150 € supplémentaire chaque mois.

« À cela s’ajoute la baisse de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers -TIPP- depuis trois ans environ », déplorent Éric Ferré et Florent Loriot. Éric effectue en moyenne 100 000 km par an. « Avant, l’exonération me permettait de récupérer 2 400 € alors qu’aujourd’hui qu’elle est plafonnée, je ne touche que 800 € pour le même nombre de kilomètres parcourus ». Dans l’ensemble, les chauffeurs de taxi ont perdu 2/3 de la taxe.

« Il n’est pas question pour autant de demander des hausses de tarifs proportionnelles à celles des carburants », stipule Éric. « Ce n’est pas aux clients d’en faire les frais et en plus, cela nuirait à notre profession déjà bien touchée par la baisse de fréquentation ».

Impossible de lever le pied
Et pour ces chauffeurs de taxi, pas question de lever le pied pour économiser l’essence. « Les clients sont toujours pressés », assurent-ils. « Il faudrait déjà être en bas de chez eux avant d’avoir raccroché le téléphone », plaisante Éric.

Un projet de « vélo taxi »
« Il est fini le temps de la clientèle à gogo à la gare SNCF de Chalon où les clients attendaient les taxis », insistent Éric et Gmiza. « Aujourd’hui, ce sont les taxis qui attendent la clientèle ». Et celle-ci se fait de plus en plus rare. « Il faut dire que l’arrêt du Pouce (NDLR : navette gratuite de la municipalité) à la gare n’a pas arrangé nos affaires », ont constaté les douze chauffeurs de taxi ayant la licence gare. « Les autres villes qui ont mis en place ces transports gratuits ont évité de placer un arrêt à côté de la gare ». D’autres incriminent aussi le transport à personne à mobilité réduite qui les prive d’une partie de leur clientèle. « Si les personnes ont droit à ce service, elles perdent du même coup leurs droits aux chèques taxis ». Enfin, certains voient d’un mauvais œil la mise en place de « vélos taxi » en ville, un projet encore au stade de l’étude (voir encadré).

Assistance et médical en plus
Alors pour continuer à vivre décemment, les chauffeurs étendent leurs activités. Éric fait de l’assistance pour les personnes en panne ou accidentées (70 % de ses revenus) en plus du transport médical et des services aux grandes entreprises pour véhiculer les visiteurs jusqu’à la gare TGV de Montchanin ou l’aéroport de Saint-Exupéry à Satolas. Gmiza, lui, s’est constitué un solide répertoire d’une clientèle fidèle qui lui assure 90 % de ses revenus. Il fait aussi du transport médical. Quant à Florent, il a débuté il y a un mois et demi en reprenant la suite de son père, chauffeur de taxi pendant 20 ans. Pour l’heure, il fait essentiellement des courses au départ de la gare SNCF entre 6 et 21 heures.

Catherine Zahra czahra@lejsl.fr

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