mardi 30 novembre 2010

Un cab chinois à Paris


Dans Paris
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la discrétion n'est pas son fort. Anonyme à Londres, sa mère patrie, le "TX4" comme il se nomme attire les commentaires. Rouler la fenêtre ouverte permet d'entendre l'avis de monsieur-tout-le-monde.

Première indication, personne n'a de doute quant à la provenance de l'engin ! Et pendant la durée de notre reportage, un véritable Anglais à la recherche d'un taxi se fera même berner : "Oh ! A proper cab ! " s'écrie-t-il avec plaisir, prêt à monter  (oh ! un vrai taxi !) Lorsqu'on lui explique que le véhicule n'est pas un vrai taxi, moue de l'Anglais, qui repasse en français dans le texte : "Et zut..."

Face à l'Opéra, les gens pressés affluent. Tout le monde tourne la tête, certains commentent : "Il est beau le taxi... il en ont des beaux comme ça à Londres ? " demande un couple relativement âgé. L'instant d'après, c'est une parisienne en retard qui tourne la tête : "Ce n'est pas très pratique, mais j'aime bien" assure t-elle. Marc, la cinquantaine, prend le temps d'examiner l'engin. Devant, derrière, il est séduit, mais rationnel : "Pour des mariages, de l'évènementiel, c'est super. Mais pour un taxi seul, je n'y crois pas trop. Il faudrait voir la consommation, les pièces, s'il y a un réseau pour l'entretien... Pour que cela marche, il faudrait qu'une flotte en achètent, comme celle des taxis G7 par exemple. Car ce qu'il faut bien voir, c'est qu'il s'agit d'une vraie voiture conçue pour le transport de personnes, ce n'est pas une voiture particulière qui fait office de taxi..." Quelques minutes plus tard, c'est une femme qui vient aux renseignements : "Ce sont les nouveaux taxis parisiens ? Non ? Ah, c'est dommage... Surtout qu'à Londres, ils n'en n'ont pas des beaux comme ça. Ce sont les mêmes ? Ah bon..."



Changement de décor. Place Vendôme, ses bijouteries, son ministère de la justice. Les taxis chargent vite leurs clients. Xavier est un chauffeur de taxi qui a la cinquantaine, il roule en Volkswagen Touran. Attention, il connait déjà le TX4 : "Moi acheter ça ? Sûrement pas ! Vous avez vu combien ça coûte ! Et pour la revente, c'est impossible !" Voici pourquoi : Xavier est artisan taxi, ce qui signifie que la voiture lui appartient. Il doit donc calculer au plus juste tous ses postes de dépenses, car sinon, c'est sa rentabilité qui est directement menacée : "Moi les voitures, je les garde 4 ans environ, et 220 000 kilomètres. En général, elles partent à l'export..." Mais le chauffeur de taxi sait aussi apprécier l'intérieur de l'engin : "C'est grand, c'est chouette, c'est vraiment fait pour transporter des gens. La seule chose qui me choque, c'est la vitre de séparation, cela ne marcherait pas en France. Les clients aiment le contact."
Détail amusant, un chauffeur de taxi en Mercedes Classe E rencontré plus tard s'avère d'un avis diamétralement opposé : "Ah, la séparation, j'aime bien ! Les gens, ils vous posent des questions, ils vous prennent pour des moins que rien. Avec la vitre, plus de problème !" A noter que dans les versions qui seront vendues au grand public, la séparation disparaitra.

 
Mini-essai
Disons le d'emblée, le TX4 s'occupe bien mieux de ses clients que de son chauffeur. Celui-ci a droit à un habitacle cossu en apparence... et 100% plastique. Le placage en faux bois de la planche de bord s'avère de piètre qualité, comme la finition d'ailleurs.
Une fois assis à bord, (un seul siège avant, l'espace du siège passager est réservé aux bagages), les personnes de plus d' 1m70 doivent se faire une raison : le siège ne coulisse pas plus, car il vient cogner dans la vitre de séparation. Le pédalier est décalé sur la droite, ce qui augure d'une position de conduite très particulière.
Contact, et le 2,5L turbo diesel s'ébroue bruyamment. Ses 102 CV suffisent à mener l'engin, mais il ne faut surtout pas en attendre des performances ou accélérations convaincantes. De toute manière, la direction floue, le freinage un peu juste et la boite accrocheuse ne donnent pas envie de pousser le rythme. Seuls points dynamiques positifs, l'amortissement, très douillet, et le rayon de braquage, diabolique en ville.
Si le chauffeur est un peu déçu, le sourire des clients devrait toutefois le ravir. A l'arrière en effet, c'est tout confort : une large banquette offre trois vraies places, tandis que deux strapontins lui font face. Sur notre modèle d'essai, un lecteur DVD permet même de regarder un film en roulant. Pour communiquer avec le chauffeur, un hygiaphone est intégré. Détail qui peut ne pas en être un, le TX4 demeure sans doute le seul véhicule de série vendu en France avec tout l'équipement nécessaire à une personne à mobilité réduite ou handicapée. L'un des strapontins coulisse pour faciliter la descente, tandis qu'un marchepied en trois parties permet aux fauteuils roulants de monter à bord facilement. Un avantage non négligeable...





Bilan
L'engin est atypique, déclenche un élan de sympathie hors du commun. Ses qualités sont indéniables pour le transport de personnes. Génial le TX4 ? En un sens, oui. Mais le revers de la médaille, plus que la qualité de fabrication ou les prestations routières, c'est le prix : à 33 900€ plus 1600€ de malus, la taxi anglais fait payer au prix fort son petit grain de folie "so british".

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