samedi 5 juin 2010

La ville en taxi, c'est possible


Ils se tiennent prêts, voitures brillantes sous le soleil d'Aubagne, au pied de l'hôtel Souleia, pour embarquer le client. Le cours Voltaire accueille l'une des deux stations de la ville - la seconde est à la gare -, d'où la quinzaine de chauffeurs sillonnent chaque jour la commune, et même les alentours. "Nous avons découpé la ville en deux secteurs, intra et extra-muros. Lorsqu'une course est demandée, une voiture arrive dans les 10 ou 15mn", explique Tayje Liazid, "pour les communes voisines il faut compter 20mn, et 30 au delà". La rapidité de réponse à l'appel d'un client, fait partie de la philosophie de l'association des taxis aubagnais, qui depuis plus de trente ans (lire ci-dessous), assure une gestion sans faille des courses. "Nous sommes scindés en deux équipes", poursuit Tayje, ex-Marseillais, qui a rejoint Aubagne pour la qualité de vie qu'apporte ce fonctionnement, "la première assure les "commandes", et la seconde est libre pour prendre en charge les appels de la journée". C'est son cas aujourd'hui: la radio vient de proposer un déplacement au départ de la gare, le chaffeur s'y rend immédiatement. Les clients n'ont à composer qu'un seul numéro d'appel pour joindre un taxi, et un membre de l'équipe s'occupe de répartir au mieux les courses: le plus proche du lieu où se trouve le client sera désigné. De quoi gagner du temps, du carburant, et aussi de la sérénité. "On a un système très précis de répartition des courses, au mètre près", poursuit Tayje, "du coup il n'y a pas de conflit". En gare d'Aubagne, il récupère une dame qui vient de Marseille, pour aller visiter au centre de rééducation de La Bourbonne le monsieur dont elle est assistante de vie. "J'ai mis 10mn pour venir de Marseille en car, et j'ai attendu seulement 3mn un taxi". Quelques instants plus tard, et moyennant 10€, elle est sur place. "Les pics de fréquentation, c'est surtout vers 17h, mais aussi le matin, la zone des Paluds, la Casamance". Les taxis aimeraient bien implanter une station près de la clinique, d'autant qu'ils doivent faire face à "la concurrence des taxis d'autres communes de la vallée de l'Huveaune".

Retour au Souleia, où un couple de retraités attend depuis quelques minutes. Ils sortent de chez le médecin, et veulent rentrer chez eux, à Gémenos. Le temps de la course, les clients papotent avec le chauffeur, qui découvre au fil du trajet la destination. Car c'est souvent le goût de l'imprévu, qui suscite des vocations parmi les chauffeurs. Mais au fil des courses, ils deviennent incollables, "le vice-président, c'est un GPS!" Ils font aussi partie du quotidien des gens. "Certains clients nous les connaissons depuis 30ans. Alors ils prennent l'habitude; un été j'ai amené l'un d'eux jusqu'à Cogolin!", explique le président, Thierry Teyssié.

Mais si la gratuité des bus a quelque peu réduit les "petites courses" (20 à 30% du travail), les taxis aubagnais, de part leur organisation, ont su fidéliser une autre clientèle: celle des assureurs et celle du transport médical. "Nous travaillons avec plusieurs sociétés d'assurance, pour l'assistance des personnes qui tombent enpanne". Tayje a ainsi raccompagné un jour quelqu'un jusqu'en Ardèche. Quant au médical, il représente 30 à 40% des courses, grâce à la convention avec la Sécurité sociale dont bénéficie l'ensemble des chauffeurs de l'association, pour le transport assis. Thierry Teyssié récupère ainsi, quartier Palissy, une dame qui doit se rendre chez son kinésithérapeute. "Un membre de l'association s'occupe de toute la paperasse", explique le vice-président en charge de ce secteur, David Verselippé, avant d'être appelé pour récupérer un client à Auchan. Là, une famille attend avec son chariot rempli à ras bord. "Je n'ai pas le permis, une fois par semaine je fais mes courses. Je connais tous les taxis!", raconte la mère de famille bientôt arrivée chez elle à Central Park, pour 9€.

De retour à la station, il est presque l'heure du déjeuner, et comme souvent, quelques voitures de particuliers gênent le stationnement même si "nous avons un bon dialogue avec la Ville, quand il y a un problème".

Les taxis, eux, se tiennent près à repartir. C'est leur métier mais aussi le sens du service. "Le soir, le dernier train est à 23h30, on s'arrange pour être toujours là".

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