samedi 17 avril 2010

Taxis : une profession menacée


La station taxi de la ville compte huit chauffeurs. Leur carte professionnelle est un gage de sérieux et de professionnalisme malgré une concurrence de plus en plus accrue. : Photo Philippe Arnassan

Les taxis dracénois ont-ils le blues ? Oui, nous répondent les concernés. « Notre profession évolue depuis des années mais pas à notre avantage », confie un professionnel. Plusieurs raisons permettent d'expliquer ce mécontentement.

La particularité dracénoise

La ville ne compte qu'une station de taxis, où huit professionnels en exercice se partagent les courses. « Notre station est trop excentrée par rapport au coeur de la ville », avance Didier, en place depuis quatre ans. Un éloignement de l'épicentre dracénois que réfute, l'élue au domaine public, Encarnacion Martinez : « ils sont bien là où ils sont, à côté de l'office du tourisme, c'est un lieu stratégique ». Les usagers boudent pourtant ce moyen de transport, réputé trop onéreux. Le transport médical, reste la principale ressource financière pour les taxis de la ville. Une situation étonnante dans un secteur touristique comme la Dracénie. « 90 % de nos trajets ne concernent que des personnes médicalisées, on travaille en relation avec les sociétés d'ambulance », explique Frédéric, taxi dracénois depuis seize ans. De plus, les personnes âgées qui avaient le réflexe d'appeler un taxi, ont changé leurs habitudes depuis la mise à leur disposition, par la ville, de minibus. « Pour se rendre à la gare des Arcs, cela ne coûte que quelques euros avec le bus, les particuliers font appel à nous qu'en dernier recours », constate Didier.

Une concurrence accrue

Une société de transport privé a vu le jour, il y a un an et demi. Spécialisée dans le transport médical et privé, la cohabitation avec les taxis a connu des débuts difficiles. « Je suis clairement l'homme à abattre. Sur les trois derniers mois, j'ai connu une hausse de 25 %. Je possède 8 véhicules aujourd'hui. En 2011, je souhaite en avoir quinze », affirme Richard Jacquot, gérant de la société. Des sociétés comme celle de ce jeune entrepreneur de 28 ans, fleurissent aux quatre coins de la Dracénie. « Le statut d'auto-entrepreneur a vu naître un grand nombre de sociétés de services de transports qui nous ont causé du tort »,poursuit un de ces seigneurs de la route.

Une licence à 200 000 euros

Pour posséder la carte professionnelle, les taxis doivent s'acquitter d'une licence à un coût avoisinant les 200 000 euros. Un emprunt conséquent, qu'il faut rentabiliser. Les sociétés de transport médical, n'ont pas besoin d'une licence, seule une convention suffit. « Nous avions manifesté l'an dernier, lorsque la libéralisation de notre profession était envisagée. Je me bats tous les jours pour éviter une mort annoncée de notre profession », prétend Frédéric. Pour Encarnacion Martinez, il y aurait presque bousculade au portillon, avec « des intéressés sur liste d'attente et des repreneurs de licence prêts à débourser des sommes équivalentes au prix d'une maison ». Alors crise de la profession ou pas ? « De toute façon, à cinquante ans, je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre », conclut l'un d'entre eux.

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