Un client a frappé un professionnel en pleine nuit lundi. Il
a dormi en prison.
Sans doute est-ce son quart d'heure de célébrité, façon Andy
Warhol. Il se dit ancien adjoint de sécurité (ADS), policier à ses heures, plus
sûrement ouvrier mécanicien dans la police entre 2000 et 2002. Est-il seulement
un dangereux mythomane ? Un être à peine perturbé ? Ou bien un schizophrène
qui, lundi matin, à 1 h 00, a appelé un taxi devant le MacDo du boulevard
Schloesing, pour se faire conduire jusqu'au Vieux-Port ? Sur lui, il portait un
marteau. Pas tout à fait le genre d'accessoire nécessaire pour traverser la
ville, même à une heure tardive.
Jean-Marc, 49 ans, le chauffeur de taxi, l'a pris en charge.
À ce moment-là, il s'est bien rendu compte qu'un objet dépassait de la veste du
client. Il a été plus surpris encore quand il s'est rendu compte qu'il ne
savait pas tout à fait où il voulait aller. Direction quai de Rive-Neuve, puis
rue Neuve-Sainte-Catherine, puis rue Sainte, jusqu'à l'abbaye de Saint-Victor.
Une marche arrière, croyant qu'il avait enfin trouvé le lieu de son rendez-vous.
Puis une marche avant. C'est à cet instant précis que Jean-Marc a reçu un
violent coup de marteau sur la tête. En tentant de riposter, il a reçu un coup
à la main. Fracture de l'index. Direction La Conception. Quatre points de
suture à la tête, tandis que son agresseur prenait la fuite.
Expertise psychiatrique
Le fuyard était un de ces clients que les chauffeurs de taxi
appellent les "taxis baskets", pour désigner ceux qui ouvrent la
porte soudainement et partent sans payer, comptant sur la performance de leurs
chaussures pour préserver leur bourse. Pas de chance. La solidarité des taxis a
joué à plein. La police rattrapera l'auteur des violences quelques rues plus
loin. Et voilà que Mickael Kaddouche, 21 ans, doit s'expliquer, devant le tribunal
correctionnel, en comparution immédiate.
Aux policiers, il a dit : "Je me trouvais en état de
légitime défense. J'ai donné un coup de marteau, mais ce n'était pas pour le
tuer." Quelle légitime défense ? "Il m'a demandé si j'avais la
monnaie de 200 euros. Je lui ai dit que non, se souvient le chauffeur blessé.
Il m'a dit qu'il ferait le change." Chauffeur de taxi la nuit. Un métier à
hauts risques. Une dizaine de filouteries par nuit à Marseille. Les agressions
physiques sont plus rares, mais les chauffeurs se méfient. D'ailleurs,
l'Intersyndicale des taxis devrait se constituer partie civile dans ce dossier.
Hier, le tribunal, présidé par Patrick Ardid, a ordonné une
expertise psychiatrique du prévenu, afin de savoir s'il jouissait de toutes ses
facultés mentales au moment des faits. Me Joël Badenès, pour le taxi, et une
quinzaine de collègues de travail, sont venus soutenir la victime à l'audience.
Le procureur Damien Martinelli a requis le placement sous mandat de dépôt. Me
Aurélie Befve, en défense, a expliqué que son client, bien que déjà sept fois
condamné, a toujours déféré aux convocations de justice. Le tribunal l'a placé
hier soir en détention. Il sera jugé sur le fond le 1er février.Le juge
d'application des peines, qui l'avait entendu précédemment, avait relevé des
problèmes psychologiques importants qui imposent une hospitalisation régulière.
Il faudra toutefois éviter le transport en taxi médicalisé...
Denis TROSSERO
Source : http://goo.gl/MFGCg
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