dimanche 8 janvier 2012

L'agresseur au marteau d'un chauffeur de taxi écroué



Un client a frappé un professionnel en pleine nuit lundi. Il a dormi en prison.

Sans doute est-ce son quart d'heure de célébrité, façon Andy Warhol. Il se dit ancien adjoint de sécurité (ADS), policier à ses heures, plus sûrement ouvrier mécanicien dans la police entre 2000 et 2002. Est-il seulement un dangereux mythomane ? Un être à peine perturbé ? Ou bien un schizophrène qui, lundi matin, à 1 h 00, a appelé un taxi devant le MacDo du boulevard Schloesing, pour se faire conduire jusqu'au Vieux-Port ? Sur lui, il portait un marteau. Pas tout à fait le genre d'accessoire nécessaire pour traverser la ville, même à une heure tardive.

Jean-Marc, 49 ans, le chauffeur de taxi, l'a pris en charge. À ce moment-là, il s'est bien rendu compte qu'un objet dépassait de la veste du client. Il a été plus surpris encore quand il s'est rendu compte qu'il ne savait pas tout à fait où il voulait aller. Direction quai de Rive-Neuve, puis rue Neuve-Sainte-Catherine, puis rue Sainte, jusqu'à l'abbaye de Saint-Victor. Une marche arrière, croyant qu'il avait enfin trouvé le lieu de son rendez-vous. Puis une marche avant. C'est à cet instant précis que Jean-Marc a reçu un violent coup de marteau sur la tête. En tentant de riposter, il a reçu un coup à la main. Fracture de l'index. Direction La Conception. Quatre points de suture à la tête, tandis que son agresseur prenait la fuite.

Expertise psychiatrique

Le fuyard était un de ces clients que les chauffeurs de taxi appellent les "taxis baskets", pour désigner ceux qui ouvrent la porte soudainement et partent sans payer, comptant sur la performance de leurs chaussures pour préserver leur bourse. Pas de chance. La solidarité des taxis a joué à plein. La police rattrapera l'auteur des violences quelques rues plus loin. Et voilà que Mickael Kaddouche, 21 ans, doit s'expliquer, devant le tribunal correctionnel, en comparution immédiate.

Aux policiers, il a dit : "Je me trouvais en état de légitime défense. J'ai donné un coup de marteau, mais ce n'était pas pour le tuer." Quelle légitime défense ? "Il m'a demandé si j'avais la monnaie de 200 euros. Je lui ai dit que non, se souvient le chauffeur blessé. Il m'a dit qu'il ferait le change." Chauffeur de taxi la nuit. Un métier à hauts risques. Une dizaine de filouteries par nuit à Marseille. Les agressions physiques sont plus rares, mais les chauffeurs se méfient. D'ailleurs, l'Intersyndicale des taxis devrait se constituer partie civile dans ce dossier.

Hier, le tribunal, présidé par Patrick Ardid, a ordonné une expertise psychiatrique du prévenu, afin de savoir s'il jouissait de toutes ses facultés mentales au moment des faits. Me Joël Badenès, pour le taxi, et une quinzaine de collègues de travail, sont venus soutenir la victime à l'audience. Le procureur Damien Martinelli a requis le placement sous mandat de dépôt. Me Aurélie Befve, en défense, a expliqué que son client, bien que déjà sept fois condamné, a toujours déféré aux convocations de justice. Le tribunal l'a placé hier soir en détention. Il sera jugé sur le fond le 1er février.Le juge d'application des peines, qui l'avait entendu précédemment, avait relevé des problèmes psychologiques importants qui imposent une hospitalisation régulière. Il faudra toutefois éviter le transport en taxi médicalisé...

Denis TROSSERO

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