lundi 21 mars 2011

EASY TAKE : le système mafieux du low-cost avignonnais

Easy Take, vous connaissez ? Cette société de « voiturage avec chauffeur » qui fait la nique aux taxis avignonnais (qui le méritent bien) et dont les employés sont en grève depuis presque vingt jours ? Nos excellents professionnels du journalisme local ont consacré dernièrement de nombreuses colonnes à ce conflit d’apparence banale qui voit se confronter les patrons de cette entreprise à ses salariés en colère. Ce qu’ont oublié de vous dire ces investigateurs hors-normes, c’est ce que cache réellement cette admirable enseigne subventionnée à vocation « sociale », comme s’en vantent ses gérants, lesquels pratiquent un « patronat » digne des meilleurs négriers du siècle dernier… Pour le dire autrement, chez Easy Take, on encule à sec.

Et « easy », qui plus est, puisque personne ne s’est soucié d’aller un peu plus loin fouiller leurs petites combines d’apprentis mafieux. Pas plus les financeurs, politiques ou administrations, que la presse, qui ne couvre que le versant conflictuel de l’aventure. Bien au contraire : Easy take a bénéficié d’une couverture médiatique impressionnante depuis sa création, se présentant comme de jeunes entrepreneurs audacieux et politiquement corrects. Les chevaliers blancs du low-cost, en somme…

L’art de la subvention et de l’exploitation négrière
Résumons : « Easy Take », c’est au départ, deux affairistes d’opérette qui découvrent un jour un « concept » nouveau : proposer au public avignonnais un mode « alternatif » low-cost de taxitage qui ne dit pas son nom, utilisant pour cela toutes les lacunes de la loi qui régit ce type d’activité. Pour bien faire, ils situent leur siège social en Courtine, profitant ainsi des éxonérations généreuses de l’Etat et des collectivités pour ces zones dites « franches », c’est à dire défiscalisées.

Pour compléter ce système avantageux, et afin de s’assurer d’un maximum de rendement, ils recrutent ciblé : Fins de droit, RSA, mères célibataires, étrangers etc. De quoi leur permettre d’accéder au dispositif CUI (Contrat Unique d’Insertion)* qui leur subventionne 95% des salaires au SMIC et l’exonération des charges. Cela plus une multitude d’avantages fiscaux et financiers divers liés à leur statut de jeune entreprise en zone franche. Ou comment s’assurer de confortables revenus sur le dos de nos contributions fiscales, tout en exploitant leurs employés sans état d’âme, dont les fiches de paye n’excèdent jamais 1070 euros net, versés bien souvent en retard qui plus est…

Plus grave : lesdits employés sont bien loin de travailler les 35 heures du contrat qu’ils ont signé. En réalité, les patrons d’Easy Take, non contents de ne pas débourser de leur poche un seul centime ou presque pour les rémunérer, ont mis au point un système aux petits oignons (mais parfaitement illégal) pour régir le temps dû de leurs esclaves : en fait, les chauffeurs (une quarantaine) sont tenus de travailler 9 à 10 heures par jour, auxquelles il faut rajouter les 2 heures quotidiennes de pause sur site (en Courtine, rappelons-le), ce qui leur fait tout de même une douzaine d’heures de présence, à la disposition entière de la société.

Pour cela, ils ont trouvé une astuce qui croient-ils, leur autorise de considérer les temps d’attente dans le véhicule comme une « astreinte ». Celle-ci est payée 50% du tarif horaire en vigueur, quand les temps effectifs de conduite sont rémunérés à 100%. Résultat : les chauffeurs d’Easy Take travaillent 10 heures pour le prix de 6 ou 7, et le tour est joué !

Ainsi, Quentin**. Ce chauffeur conduit depuis plusieurs mois pour la société. Tenu d’être à disposition d’Easy Take, il n’est pas rare qu’il soit appelé en plein repos hebdomadaire, un dimanche ou un jour férié, pour assurer une course sur la demande pressante de ses chefs. Pour bien sûr toujours le même salaire en fin de mois, qui ne dépasse jamais le SMIC. Il est vrai que ses jours fériés travaillés sont royalement (!) augmentés de 25 euros net. il n’empêche qu’il est corvéable à merci, et si par malheur il ose la ramener, son « capo » Christophe Périconne, officiellement responsable du personnel, en réalité gros bras sans état d’âme et flic en chef du clan, n’hésite pas à le menacer de lui envoyer un « Roumain » pour le remettre au pli. Un des ses collègues insuffisant respiratoire chronique qui se plaignait de sa condition, s’étant même vu intimer froidement de « respirer tant qu’il le pouvait encore »… La classe.

Menaces, intimidations et flicage généralisé
Il est vrai que les « Roumains » et autres ressortissants des pays de l’Est, le clan d’Easy Take connaît bien. L’associé Olivier Michel dirige d’une main de fer (sous le nom de son père André, « cultivateur » et « homme d’affaires » vauclusien) une entreprise sorguaise de fabrication et d’import-export de palettes, XPAL, condamnée par la justice pour emploi frauduleux de travailleurs illégaux, en majorité originaires de l’est de l’Europe, et depuis janvier 2011 en liquidation judicière. Quant à l’autre associé et patron en titre de cette respectable entreprise, Jean Sibade, il dirigeait une boîte de nuit sur la Côte d’Azur avant l’aventure Easy Take. Autant dire que les méthodes expéditives de gestion « experte » du personnel, ils maîtrisent…

La preuve, leur dernière trouvaille : un logiciel « révolutionnaire » qui va permettre à la société de gérer à distance les plannings de ses chauffeurs. Ainsi, ce logiciel coupera t-il automatiquement les moteurs des véhicules, lorsque ceux-ci ne seront pas en course. Une méthode très rationnelle de gestion économique, qui sent toutefois son Big Brother à plein nez. Car pour le faire fonctionner, il faut évidemment le coupler au GPS du véhicule, ce qui est une autre manière de flicage efficace du pauvre employé, destiné à se geler ou étouffer durant ces temps de latence, payés, rappelons-le, à moitié du SMIC horaire…

Déjà, la trentaine d’employées du call-center de la société sont soumises à une surveillance vidéo généralisée. Les opératrices, toutes en situation délicate lors de leur embauche -mères célibataires, fins de droit- n’ont qu’à la fermer et subir le voyeurisme du « capo » : jeter un coup d’oeil à son portable lors du service est immédiatement vu sur les écrans du maton et aussitôt réprimandé. Un exemple parmi tant d’autres de ce flicage digne d’un bagne privé comme en possède l’état de Floride.

En fait, derrière cette arnaque aux subventions, ce déni généralisé de la personne humaine et de ses droits de travailleur, se cachent de dangereux prédateurs dont le seul objectif est de franchiser leur concept « novateur » et le revendre très vite avant d’avoir trop d’ennuis avec la justice. Tout juste comme ils viennent de le faire à Nimes et Montpellier. Un trio d’affairistes sans scrupules qui n’ose guère cependant chasser sur les terres des taxis des grandes villes… Ceux notoirement mafieux pour de vrai comme à Marseille par exemple. Gonflés mais pas téméraires…

Jean-François Bonnaventure

* CUI :1. Le Contrat Unique d’Insertion est une aide financière. Son montant et sa durée sont fixés localement par le Préfet de région, et sont régulièrement réajustés.
Cette aide, versée par l’Agence de Services et de Paiements (ASP : ex-CNASEA), se calcule en fonction d’un pourcentage du SMIC par heure travaillée, dans la limite de la durée légale hebdomadaire de travail. Elle ne peut excéder 95% du SMIC brut pour les embauches en CUI-CAE (sauf dans les Ateliers et Chantiers d’Insertion – structures qui relèvent du domaine réglementé de l’Insertion par l’Activité Economique – où ce montant est porté à 105 %) ;
2. Exonération de charges sociales. Ces exonérations concernent l’ensemble des heures rémunérées, dans la limite du SMIC et de la durée légale du travail (ou la durée conventionnelle si elle est inférieure).

**: le prénom a été changé

Source

2 commentaires:

  1. Très intéressant ! IL y a aussi un article et un interview du directeur commercial sur News of Marseille, je fais suivre : http://www.newsofmarseille.com/easytake-la-bete-noire-des-taxis-qui-montre-patte-blanche/

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  2. Pathétique... Article racoleur et bassement dénigrant. Aucune allusion aux services rendus et au désenclavement des seniors dans des contrées reculées où les taxis ne veulent même pas aller... Et les jeunes qui sortent de boîtes éméchés? Easy Take les prend... Vs connaissez bcp de taxis qui le font? Vous avez vus les scandales que font les chauffeurs de taxis qd on a chiens??? No problem avec Easy Take... Et tous les salariés "asservis" tels que vous les décrivez, nul ne les oblige à bosser, ils ont tjs le choix du Pole Emploi... C'est tellement Francais et ridicule de ne penser qu'à défendre ses acquis et son pré carré.
    Pas étonnant que le pays parte en couille si on emmerde et condamne les rares entrepreneurs qui osent encore faire qquechose en France. Moi je dis bravo, je suis chef d'entreprise depuis 20 ans et ai quitté la France depuis 4 ans pour ne pas me retrouver confronté à tous ces types de corporatismes... Je dis encore bravo et bonne chance à EASY TAKE.

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