mercredi 12 janvier 2011

Aéroport de Mérignac (33) : la chasse aux taxis fraudeurs

Des policiers de l'unité de sécurité routière contrôlent le respect de la réglementation sur les taxis. Lors de chaque opération, des chauffeurs sont surpris en train de facturer au tarif de nuit une course effectuée en plein jour.

Pour les policiers, il s'agit surtout de faire passer le message auprès d'une petite minorité de taxis sur les 413 en activité sur Bordeaux et quelque 650 sur la Gironde. « Pour nous, la prévention et l'information sont la règle sur ce type de mission », confie le commissaire principal David Book, à la tête du Service d'ordre public et de sécurité routière (SOPSR) au sein de la direction départementale de la sécurité publique. « On ne travaille que sur des constatations visuelles d'infraction », précise Christophe, brigadier de police qui officie en binôme avec Philippe, gardien de la paix. À bord d'une voiture banalisée, deux fois par mois, ces policiers en civil affectés à l'unité motocycliste, se fondent dans la circulation entre la gare Saint-Jean et l'aéroport de Bordeaux-Mérignac.
Au petit matin, à l'arrivée des trains et des avions, ils observent avec une grande attention les taxis qui embarquent des clients. Au hasard, ils se glissent discrètement dans leur sillage et traquent les fraudeurs. Un peu plus d'une vingtaine d'infractions seraient relevées dans l'année. Car il faut avoir l'œil bien exercé pour détecter les chauffeurs en infraction pratiquant une tarification de nuit en plein jour. Soit jusqu'au double du prix de la course pour le client berné. « Le jour, entre 7 heures et 19 heures, le dispositif répétiteur extérieur lumineux doit être éclairé avec la lettre A ou C. Quand un taxi circule sur une longue distance avec la lettre D, il est en tarif de nuit », explique Christophe. « On a lancé un pavé dans la mare mais à partir du moment où c'est une profession réglementée, il faut des contrôles, surtout pour protéger la grande majorité des artisans qui travaillent très bien. »

Ce que prévoit la loi
Tout véhicule automobile bénéficiant de l'appellation taxi doit être muni d'équipements spéciaux. Les taxis qui présentent un défaut de taximètre, du dispositif lumineux « Taxi » et (ou) de la plaque fixée indiquant la commune ou le service commun de taxis de rattachement sont passibles d'une contravention de 1re classe. Les conducteurs de taxi doivent par ailleurs apposer leur carte professionnelle sur la vitre avant du véhicule pour que la photographie soit visible de l'extérieur pendant leur activité professionnelle.
Tout conducteur de taxi est également tenu de suivre tous les cinq ans un stage de formation continue sanctionnée par la délivrance d'une validité de cinq ans. L'aptitude physique des chauffeurs de taxi est également soumise à une vérification médicale tous les cinq ans pour les moins de 60 ans, tous les deux ans pour les 60-75 ans et tous les ans à partir de 76 ans.
Les fraudeurs sont, en effet, à la marge mais à chaque sortie les policiers interceptent un taxi en infraction. « On sauve le portefeuille de certains clients. Il y a quelques jours, un avocat allait se faire flouer entre l'aéroport et le centre-ville de Bordeaux. Le chauffeur de taxi a tenté de nous faire croire qu'en manipulant le compteur horokilométrique ou taximètre, la tarification était passée par erreur en D. Parfois, certains tentent de nous persuader que le changement s'est fait lors de la manipulation du levier de vitesse. C'est difficile à croire, surtout que l'on a le plus souvent à faire à des récidivistes qui nient l'évidence. »

« Pas d'excès de zèle »
Équipés d'une paire de jumelles, les deux policiers se positionnent de manière stratégique aux abords de la gare Saint-Jean et à l'aéroport où le bal des taxis est incessant. « Nous sommes facilement repérés et au bout de quelques minutes notre présence est annoncée sur la "cibi". » Les fonctionnaires n'ont pas la possibilité de se faire passer pour des clients et monter à bord d'un taxi car la loi leur interdit de provoquer le délit. « Nous ne faisons pas d'excès de zèle et essayons de ne pas faire perdre trop de temps aux chauffeurs lors d'un contrôle. »
Les deux limiers de la sécurité routière sont tout aussi intéressés lorsqu'ils voient un taxi, le dispositif extérieur lumineux en marche, transportant un ou des clients alors qu'aucune lettre n'est éclairée. Fin novembre 2010, alors que les policiers patrouillent dans le secteur de Paludate, ils croisent un taxi venant de Sainte-Croix, prenant la direction du pont Saint-Jean. Il est midi et, dans ce cas précis où une course est effectuée, l'éclairage « Taxi » sur le toit de la voiture devrait être éteint et ne laisser apparaître que la lettre C. Le tarif s'élevant à 1,46 € du kilomètre. Au bout de quelques minutes, le véhicule est intercepté. Les clients, un couple de Parisiens, ont été pris en charge devant un hôtel bordelais pour se rendre à la gare. Le chauffeur, surpris, déclare qu'il pratique un tarif « au forfait » en raison de la panne de son taximètre. « C'est interdit et considéré par le Code de la consommation comme un défaut d'affichage des tarifs », précise encore Christophe.

Des contraintes
« Quelques-uns d'entre nous dérogent à la règle mais il ne faut pas taxer la profession de malhonnêteté », insiste Robert Bérard-Karna, président du syndicat des taxis de Bordeaux, de la CUB et de la Gironde et vice-président national de la Fédération française des taxis de province. « Évitons de lancer une croisade contre les taxis au moment où l'on nous rajoute des contraintes. Aujourd'hui, nous devons investir pour transformer le lumineux, le taximètre avec imprimante automatisée… Cela va coûter 2 600 euros à chacun d'entre nous. Et puis il y a beaucoup de concurrence déloyale. »
Il y aurait peu de « taxis clandestins » sur le département. Dernièrement, toutefois, un retraité de la profession a été contrôlé avec un client. Il avait conservé tout son appareillage et arrondissait ainsi ses fins de mois.

Repères
413
C'est le nombre de taxis en activité sur la ville de Bordeaux.
650
C'est le nombre de taxis en activité sur l'ensemble du département de la Gironde.
1,46
C'est en euro, le tarif au kilomètre pratiqué en journée à Bordeaux.

Source : Merci à SudOuest.fr

1 commentaire:

  1. Je ne savais pas tout ça ! Je ne pensais pas que cette petite guerre avait une telle proportion mais qui est clairement justifié j'entends ! Ce problème concerne-t-il aussi les voiture avec chauffeur bordeaux ? Merci de votre réponse :)

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