Le crossover de moyen gabarit de la marque Premium de Nissan passe enfin au Diesel, deux ans après son lancement européen avec un V6 à essence. Nous avons essayé ce EX 3.0d qui dispose de quelques arguments sérieux afin de rivaliser avec l’Audi Q5 3.0 TDi et autres SUV Diesel haut de gamme.

Sur la plupart des marchés européens, un SUV ou crossover sans motorisation Diesel doit se contenter de faire de la figuration. Infiniti le savait pertinement lorsqu’il a débuté fin 2008 la commercialisation de sa gamme, uniquement servie par des motorisations V6 et V8 à essence sur notre continent gazophile. Mais si la marque luxueuse deNissan s’est quand meme jetté dans le grand bain européen, c’est que dès cette époque le développement d’un six cylindres Diesel digne des hauts de gamme teutons était déjà bien avancée au sein de “l’Alliance” Renault Nissan. En fait sa conception a démarré en 2005.


De l’ombre à la lumière
Développé sur base de la berline G, l’Infiniti EX est un crossover (plus que SUV en raison d’une hauteur inférieure à 1,60 m sans barres de toit) long de 4,64 m qui a fait ses débuts à l’automne 2007. Il était jusqu’à présent uniquement livrable avec le V6 3.7 litres de 320 chevaux/360 Nm à bva7, soumis au super-malus. Comme de surcroit la crise est passée par là, ses ventes ont à peine atteint une trentaine d’exemplaires en France lors de sa première année pleine de commercialisation (2009), malgré de réelles qualités. L’EX37 offre par exemple un comportement à la hauteur du X3 (le 30i de 272 ch de première génération), tout en proposant un meilleur confort de suspension grâce à un amortissement parfaitement réussi. Entre un climat économique moins plombé et sa motorisation Diesel, les ventes de l’EX en 2011 devraient grimper à quelques centaines d’unités pour la France (à plus de 80 % en Diesel).
Les premières versions Diesel de l’EX ont débarqué dans les rares Centres Infiniti à partir de juillet, mais sa commercialisation réelle ne démarre en France (à partir de 49 700 Euros, tarif aligné sur le modèle essence) qu’en ce mois de septembre, juste après celle du grand FX 30d. Viendra en octobre la nouvelle berline M30d affichée à 50 750 euros.
S’il ne gagne sur l’EX que 3 chevaux, et reste avec 238 ch (175 kW) d’une puissance relativement commune pour la cylindrée, il se distingue surtout par son couple de 550 Nm à tout juste 1750 tr/min. C’est 100 Nm de plus que sur la Renault, et surtout 50 Nm de mieux que le 3.0 TDI V6 de 240 chevaux de l’Audi Q5, le rival le plus direct de l’EX pour l’instant. Certes, le 3.0 litres du groupe Volkswagen fournit également 550 Nm sur le nouveau Cayenne, mais on aborde avec le SUV Porsche le segment au dessus.
Balaise, mais raffiné

Tout comme l’EX37, l’EX30d est équipé en série de la boîte automatique Infiniti à 7 rapports. En déplaçant le levier sur la gauche, on sélectionne le mode sport « DS », pour un changement manuel des vitesses, assez appréciable en conduite rapide sur parcours sinueux par exemple car en automatique pur, la boîte manque de réactivité et d’intelligence pour une unité auto-adaptative pourtant de conception récente. Sur ce point, et même globalement, la boîte à double embrayage S tronic 7 de l’Audi Q5 3.0 TDi nous paraît plus convaincante car elle évite toute rupture de couple et permet des changements de vitesses en un centième de seconde.
On attendait surtout le premier Diesel jamais produit par Infiniti pour son agrément, ou plus précisement son raffinement. Le constructeur promet insonorisation et silence de fonctionnement, sonorité agréable et plaisir de conduite au niveau des motorisations essence de la marque. Déjà, avec un moteur qui régule à 5000 tours alors que le V6 à essence monte allègrement au dessus de 7000 tr/mn, le plaisir est forcément d’un autre ordre. Le V6 se caractérise par un bloc moteur en fonte à graphite compacté CGI (Compacted Graphite Iron, jusqu’à 75% plus rigide que la fonte grise classique et, dans le cas du bloc-moteur de l’EX30d, plus légère de 22%). Il établit selon ses concepteurs une nouvelle référence en Diesel dans la catégorie pour ses performances en acoustique et vibrations, malgré l’absence d’ arbres d’équilibrage. Ces derniers sont rendus moins indispensables par le V6 ouvert à 65 degrés (avec le turbo monté à l’intérieur du V), ce qui favorise l’équilibrage naturel du vilebrequin. C’est vrai que les vibrations sont pratiquement inexistantes, sauf parfois au ralenti dans le pédalier à l’arret, et curieusement pas de façon systématique. Infiniti revendique également la “ belle sonorité sportive du moteur essence”. La réalité, c’est qu’il se distingue peu des meilleurs 6 cylindres Diesel allemands par sa discrétion, ou bien sa mélopée. Pour vraiment faire la différence, l’EX aurait du bénéficier de la réduction active du bruit proposé sur la série M.

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