dimanche 11 juillet 2010

Le pré carré des taxis attaqué



Une société avignonnaise fait de l'ombre aux artisans taxis. Ces derniers tentent de la faire interdire. Ils viennent de se faire débouter mais ont déposé un nouveau recours.


À Avignon
Nouveau coup de canif dans le monopole des taxis. Une société d'Avignon, Easy Take, exploite depuis le début de l'année une flotte de 20 Kangoo avec un concept de taxi low-cost: des courses à prix forfaitaires de 7 à 35 euros en fonction de la distance, de la publicité sur la carrosserie et sur un écran installé dans les appuie-tête, un centre de réservation par téléphone et Internet.
Le produit est attractif et a déjà séduit une large clientèle… au grand dam des artisans taxis. «Easy Take nous fait vraiment du tort. Notre activité a baissé de 30%», accuse Jean Capezza, président du syndicat des taxis d'Avignon. Ce dernier a saisi la justice pour «concurrence déloyale», mais il vient de se faire débouter. «Juste un problème de forme!», répond Me Patrick Gontard, son avocat, qui a immédiatement déposé un nouveau recours pour demander l'arrêt de l'activité de ce concurrent.
Les artisans taxis sont sur les dents depuis le rapport Attali préconisant la libéralisation du système. Cette profession est très réglementée depuis qu'en 1937, Marx Dormoy, ministre de l'Intérieur du Front populaire, a décidé de réserver à 14.000 taxis parisiens le «monopole de la plaque», leur donnant la possibilité de stationner sur la voie publique en attente de la clientèle. Ce devait être un régime d'exception pour sauver la profession mal en point au sortir de la crise des années 1930, mais il dure toujours.

Développement national

Mais depuis quelques années, la concurrence s'exacerbe. Il y a eu l'initiative d'Aziz Senni, un jeune de Mantes-la-Jolie qui a créé ATA, une société de taxi partagé, à la demande et à un tarif forfaitaire, contre laquelle les taxis se sont élevés sans succès. Les motos taxis se sont également multipliées. Et récemment, ce sont les sociétés surfant sur le concept de l'écologie qui sont apparues, comme Eco Cab à Paris. Ou encore le covoiturage offrant des courses à prix cassé.
Pour se lancer, Olivier Michel et Jean-Marc Sibade, les créateurs d'Easy Take, ont d'abord demandé une licence de petite remise au préfet qui la leur a refusée. «Nous avons une licence de transport et une licence d'exploitation de véhicules de tourisme avec chauffeur. Nous sommes parfaitement en règle et pouvons tout faire sauf la maraude et stationner sur les stations taxis», commente Olivier Michel. «Les taxis ont des règles qu'Easy Take ne respecte pas», s'emporte Jean Capezza. Pour ce dernier, «ils font de la petite remise avec une licence de transporteur public. Ils doivent ramener le client au point de départ, ce qu'ils ne font pas, et transporter des groupes». «Jean Capezza feint d'ignorer la nouvelle réglementation applicable depuis le 1er janvier 2010», répond Olivier Michel. C'est le tribunal qui les départagera. En attendant, Olivier Michel vient d'embaucher treize nouveaux salariés, portant ainsi son effectif à 73 personnes. Il compte ouvrir de nouvelles agences à Cavaillon et Orange et il est en négociation avec des investisseurs pour une levée de fonds dans le but de se développer au niveau national.

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