dimanche 11 juillet 2010

En voiture Simone, Pierre, Paul et qui voudra !

Les deux voitures de l'association AITT ont parcouru pas moins de 80 355 km en 2009 dans l'Entre-deux-Mers pour dépanner des personnes sans moyen de locomotion.

Assise près de la porte, Madame attend son chauffeur. Un certain Nestor, personnage haut en couleur, qui n'est à son service que ponctuellement dans le mois.

L'employeur de cet homme « en âge d'être retraité » n'est autre que l'Association intercommunale de transports transversaux (AITT). La solution idéale pour la Créonnaise de 75 ans, restée anonyme, transportée en cet après-midi de juillet à Bouliac, chez son podologue. Elle n'a pas le permis, ne peut déranger son amie conductrice à chaque fois, et serait bien embêtée si l'AITT n'existait pas. « Même si, c'est dommage, ils ne vont pas à Bordeaux », souligne la passagère.

Pas un taxi

Les deux véhicules floqués « Trans Gironde » avalent effectivement les kilomètres dans un périmètre donné. Celui qui couvre les deux Communautés de communes partenaires, du Créonnais et des Portes de l'Entre-deux-Mers. « Mais nous transportons les utilisateurs jusqu'à la Maison de l'emploi à Artigues, à la polyclinique des Quatre-Pavillons si besoin », commente la présidente de l'association, Nanou Franco.

Car cette « bouffée d'oxygène » a pour but de développer le transport public dans les zones rurales ou semi-rurales. « Attention, nous ne sommes pas un taxi, ni un service de transport privé. Si le trajet est effectué à la demande des usagers, on les regroupe en fonction des horaires et des destinations. On est moins souple qu'un taxi, mais pratique quand on sait que ces zones sont peu desservies par les transports en commun. » Voilà qui fait l'affaire de stagiaires sans moyen de locomotion, de salariés à temps partiel et à horaires décalés, de public à la recherche d'un emploi. « Le prix de 2 euros permet aux personnes aux petits revenus de se déplacer dans le secteur plus facilement. »

Partie de la famille

Et puis il y a aussi les personnes âgées. « C'est simple, je n'ai jamais appris à conduire. J'aurais peut-être dû », sourit Mme San Martin, en route pour Saint-Caprais où elle passera deux heures avec son mari en maison de retraite. Ensuite, Nestor reviendra la chercher.

Il les connaît bien ces passagers, ce Chilien d'origine. Avec son accent chantant, il pose des dizaines de questions. « On finit par bien se connaître. Mme San Martin fait appel à nous trois fois par semaine depuis cinq ans. On se raconte nos vies. On devient des confidents. Si je continue à travailler alors que je pourrais m'arrêter, c'est pour ce contact avec les gens. On fait partie de la famille. Tout en profitant de superbes paysages ! »

« Comment va votre frère ? » « Il est grand-père depuis un mois ! », répond la Créonnaise. Quand Nestor dit à Mme San Martin « à vendredi ! », elle est capable de le corriger pour lui rappeler que c'est Christophe prévu au planning. Lui sait quand elle a trop d'air, comment elle va à la vigueur de ses pas. « On rend plus qu'un service, concède Carole, responsable de l'équipe. On sort aussi de l'isolement. »

Alors quand Nestor fait son au revoir de la main en partant, il peut se dire qu'il est utile, oui. L'an dernier, l'AITT a d'ailleurs rendu 5 664 coups de pouce grâce à 2 673 courses partagées. Des chiffres en progression.

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